Un rassemblement s’est tenu, ce samedi 24 janvier, devant la
mairie de Saint-Ouen, à l’initiative du DAL. Il s’agissait de dénoncer, une
fois de plus, la dégradation du logement dans une ville dont le maire a annoncé
vouloir réduire la part de logements sociaux de 40 à 30 %, tout en continuant
de brader les bâtiments de la commune, livrés à la spéculation immobilière. Le
CARA (foyer jeunes travailleurs), vendu au promoteur Vinci qui projette de le
transformer un hôtel privé, est l’exemple le plus flagrant en la matière. La
nouvelle majorité de droite ne fait plus mystère de sa stratégie, visant à expulser
de Saint-Ouen les catégories populaires, au profit d’un embourgeoisement
programmé.
Dans le rassemblement du jour, se côtoyaient ainsi les sinistrés de l’incendie de la rue Vallès
(deux morts, une mère et son enfant, en janvier 2010), rescapés qui, cinq ans
après l’évènement sont toujours en attente d’une solution viable, et des
résidents du CARA, ainsi que des habitants Roms du « village d’insertion »,
lui aussi promis à une prochaine fermeture.
Petit point sur le CARA : la situation reste figée, une
cinquantaine de résidents résiste encore à l’expulsion larvée programmée par un
maire qui, craignant la mauvaise publicité, a fait le choix du pourrissement
plutôt que de l’expulsion brutale. Le personnel d’entretien, licencié, a durant
quelques semaines continué d’assurer gratuitement le travail, puis s’est bien
entendu retiré après qu’aucune négociation sérieuse n’ait peu avoir lieu en
mairie. Les résidents se retrouvent donc livrés à eux-mêmes, sans chauffage,
sans bennes à ordures, et tentent de s’organiser. Nous parlons donc ici d’une tour de treize
étages, de 150 logements vacants laissés à l’abandon, au cœur d’une ville qui
ne compte plus les sans-abri (mais qui interdit qu’on les nourrisse et qu’on
les aide : voir, sur ce blog, les billets consacrés à la fameuse
« affichette » et au camion Resto du Cœur).
Quant au « village d’insertion », crée en 2008
après l’expulsion d’un campement Rom de plus de 600 habitants, ce
« village » de caravanes plantées au milieu des chantiers (cependant montré
en exemple à l’époque car devant permettre d’entrevoir un début de stabilité
pour ces familles autrement ballotées de campement en campement), malgré les
efforts fournis de part et d’autres (scolarisation des enfants, régularisation
des parents, lesquels ont trouvé du travail ou en cherchent), une fois les
caméras partie la ville s’en est désintéressé. Promesse avait été faite par
elle de solutions pérennes « sous les huit mois ». 7 ans plus tard,
une majorité d’habitants se sont découragés et ont quitté le « village »,
ceux restant sont désespérés, puisqu’il est désormais question de le fermer
tout simplement, et sans, bien entendu, que soit envisagée la moindre solution
de relogement.
On sait que ces dossiers constituent une partie de
l’héritage laissé par l’équipe précédente, à majorité « communiste ».
Rien n’oblige cependant notre maire Delannoy a refuser tout dialogue, à
envenimer plus encore des situations déjà insupportables, à faire le choix du silence
et du pourrissement. Certaines tentatives, affligeante d’inhumanité, sont à
porter au seul actif de Delannoy, affichette et Resto du cœur, ou bien encore
la tentative « sauvage » de coupure d’électricité sur le « village »
Rom, qui a heureusement avorté. Toutes celles et ceux qui, pour une raison ou
pour une autre, n’entrent pas dans les critères de son
« Saint-Ouen-sur-Seine » (nouveau nom donné à la ville, initiative
menée hors du cadre légal trois mois après son élection : le potentat
local sait reconnaître les urgences !), sont donc priés de dégager, de
faire place nette, d’aller exhiber leur misère ailleurs que dans cette ville
qui pourtant est la leur.
Voilà où nous en sommes, et voilà la raison pour laquelle il
était important de se rencontrer, ce matin, devant les portes d’une mairie de
plus en plus souvent fermée, encerclée cependant de caméras de surveillance. Seul
bémol à ce rassemblement : contrairement au précédent, celui-ci n’a pu
s’achever dans la salle commune du CARA, ce qui aurait permis d’approfondir les
échanges et de faire découvrir ce lieu à celles et ceux, nombreux, qui n’ont
qu’une vague idée des conditions faites aux résidents. Le DAL a refusé car
ayant déposé en préfecture le rassemblement devant la mairie, il craignait que
cela ne fasse « cortège sauvage» (à 50 personnes, alors que 250
mètres séparent les deux bâtiments…) et ne leur soit plus tard reproché. On ne
se refait pas…
Si la convergence des luttes et des point-de-vus semble donc
n’en être qu’à ses prémisses, il est clair que, se heurtant à la surdité
volontaire de la municipalité, à la violence des situations faites aux un.es et
aux autres, les différentes victimes de cette politique brutale faite de rejet
et de mépris sauront s’unir et lui tenir tête !
Le groupe Saint-Ouen 93 ne manquera pas vous tenir au
courant des prochaines actions, soirées de soutiens, éventuelles occupations
décidées à la suite d’on ne sait quel nouveau rendez-vous fantôme, de ceux que
les élus promettent à chaque soubresaut, mais
sans jamais fixer de date (la bonne blague du calendrier…), ou mieux
encore : sans s’y rendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire