Ce matin lundi 16 mars nous étions une trentaine, résident.es
du CARA foyer jeunes travailleurs et quelques
un.es de leurs soutiens, à prendre nos quartiers dans le hall de la mairie.
Pour une fois que la Maison dite du Peuple n’était pas clôturée, gardée par des
vigiles, on n’allait pas se gêner, d’autant qu’il y faisait chaud, que c’était
presque douillet : pas vraiment les conditions de vie qu’on trouve en ce
moment au foyer.
Conditions de vie appelées à se dégrader plus encore, puisqu’il
était question que l’électricité soit
coupée, au foyer, dès demain 17 mars ! Une nébuleuse histoire d’ascenseurs
et de dangers, bref : un enfumage de plus, que nous n’étions pas disposés
à subir sans broncher, ni celui-ci ni un autre. D’où notre présence, ce matin,
tôt, non pas devant mais cette fois dans la mairie.
Tandis qu’on improvisait sur place chants et slogans, d’autres
demandaient fermement à ce qu’on soit reçu.es par le maire, ou un de ses
adjoints. Après plus de une heure d’attente, deux fonctionnaires quelconques vinrent
nous expliquer que l’électricité ne serait pas coupée, qu’ils nous le promettaient,
qu’une négociation était actuellement en cours avec EDF, bref : que nous
devions nous contenter de cette réponse en forme de promesse n’engageant que
ceux qui y croiraient, et maintenant : vous êtes gentils, dégagez.
Personne n’a bougé. Nous voulions vérifier, par écrit, l’état où en était cette
soi-disant négociation. Nous voulions qu’un élu se décide enfin, au bout de
plusieurs mois, à daigner recevoir les résidents. Nous exigions qu’au-delà du
problème de l’électricité la problématique globale du CARA soit enfin reconnue,
entendue, discutée. Qu’on parle de relogement. De saleté, actuellement, de
puces dans les matelas. De la vraie vie, quoi, de celle qu’impose à une poignée
de jeunes gens des élus totalement inféodés à Bouygues, Nexity, Vinci et autres
promoteurs auxquels la ville est en train d’être vendue, parcelle par parcelle.
Mais l’Envoyé Spécial du maire ne voulait pas en démordre : on était venu
le voir pour l’électricité, il avait répondu, il n’en dirait, il n’en ferait
pas plus. Quand celle qui l’accompagnait a tenté, une fois, de poursuivre le
dialogue engagé avec les résidents/résistants présents, le monsieur l’a calmé,
ramené dans les clous, « chut arrête »… Le mot d’ordre :
endormir, et surtout ne pas discuter.
Nous sommes ressortis de là plus que jamais méfiants,
circonspects. Personne n’a crié victoire. Il est probable que la coupure, qui
devait intervenir demain mardi 17 mars, soit repoussée à plus tard. Il est
surtout certain que, une fois de plus confrontés à la belle énergie, à l’inventivité
et à la solidarité dont savent faire ceux et celles pour qui l’existence ne se
résume pas à une pile de dossiers qu’on aurait à traiter, les représentants de
la mairie se sont, ce matin, inquiétés, sûrement surpris de voir que,
contrairement à ce qu’ils avaient imaginés, loin de nous fatiguer leur nouvelle
attaque nous aurait plutôt réveillée.
Une erreur de plus, pour Oui Oui Delannoy.
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